La revue du tueur

La société est sans cesse fascinée par la vie des tueurs à gages. Ils sont présents sur tous les supports, de la bande dessinée au cinéma. La franchise John Wick a transformé un célèbre assassin en l’un des héros les plus mémorables d’Hollywood. Dans The Killer, David Fincher entraîne son regard artistique sur un tueur à gages anonyme alors qu’il accomplit son sombre travail avec l’efficacité mécanique d’un réalisateur réputé méticuleux.

David Fincher est attaché à Netflix depuis quelques années maintenant. Après son film magistral Gone Girl de 2014 , il s’est éloigné du grand écran pendant quelques années. Il a réalisé deux épisodes de House of Cards, puis sept épisodes de Mindhunter, suivis d’un court métrage pour Love, Death & Robots. Cette anthologie animée a ramené Fincher en collaboration avec le scénariste de Seven, Andrew Kevin Walker, et ils sont à nouveau ensemble pour The Killer.

Michael Fassbender incarne un tueur à gages incroyablement expérimenté, froid et prudent. Son monologue intérieur constitue plus de la moitié des dialogues parlés du film. Il n’hésite pas à assurer au public qu’il n’est pas spécial. Fassbender poste dans un bureau WeWork parisien abandonné, mange McDonald’s , pratique le yoga et écoute The Smiths. Il ressemble aux yeux du monde entier à l’un des milliers de touristes qui passent devant lui. Les heures se transforment en jours alors qu’il attend, convaincu que sa tolérance avancée à l’ennui fait de lui un atout professionnel. Finalement, sa cible se révèle, permettant à Fassbender de tirer. Il manque. Cet échec fatidique envoie des assassins dans sa maison cachée en guise de représailles. Ne parvenant pas à le retrouver, ils battent sa petite amie jusqu’à la mort. Fassbender est attaché à sa philosophie de tueur apathique, mais voir son amant souffrir le pousse à utiliser ses talents contre ceux qui lui ont fait du tort. C’est un thriller de vengeance avec la présentation froide et calculatrice du parfait assassin de Fincher .

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Le tueur est Le Samouraï de Fincher. Le film est nu dans ses similitudes avec le magistral néo-noir de Jean-Pierre Melville de 1967 . Une partie de cela provient de sa source, une longue série de romans graphiques de Matz et Luc Jacamon. La bande dessinée s’est développée avec des références explicites à la tradition noire française. The Killer adapte également l’utilisation magistrale de l’imagerie par Jacamon. Les visuels sont toujours frappants. Le directeur de la photographie Erik Messerschmidt utilise certaines tactiques qu’il a perfectionnées sur Mindhunter pour créer un étrange sentiment d’aliénation dans des décors par ailleurs magnifiques. Fassbender est régulièrement encadré derrière une vitre, caché des angles humanisants que l’on accorde habituellement à une étoile. Il fait aussi froid que l’assassin de Fassbender. Aucune histoire n’a jamais autant respecté la distance habituelle de Fincher que celle-ci. Le tueur titulaire est un artiste qui partage le sens du perfectionnisme et de l’humour de son réalisateur.

Fassbender est ici à son meilleur . C’est sa performance exceptionnelle dans Shame, avec une violence brutale à la place du sexe explicite. Son personnage anonyme veut être une page vierge. Il veut passer au second plan. Son monologue intérieur commence et s’arrête alors que des forces extérieures l’interrompent. Il parle rarement, regardant souvent silencieusement amis et ennemis comme Terminator. La profondeur de son conflit interne et sa compréhension bizarre de la hiérarchie sociale révèlent des nuances fascinantes derrière son extérieur poli. Le reste du casting est tout aussi excellent. La liste des succès de Fassbender inclut Tilda Swinton comme seule personne charismatique du film. Son apparition soudaine dans le film, c’est comme sauter dans un bain à remous pendant une nuit glaciale. Le cascadeur/Sauron Sala Baker apparaît comme un tueur musclé dans la plus belle scène d’action du film. Charles Parnell de Top Gun : Maverick apparaît comme l’avocat qui a amené Fassbender dans l’industrie du meurtre à contrat. Les victimes de Fassbender sont presque trop humaines. Ce sont des flammes rugissantes qui mendient, se disputent, se battent, troquent et luttent contre sa faucheuse.

The Killer est un triomphe de présentation. Le récit n’a rien de très original. Tout le monde a vu un assassin trahi par ses maîtres. Tout le monde a vu ce tueur se venger. C’est, à bien des égards, le contraire de John Wick . Là où M. Wick tire, poignarde et matraque son chemin à travers une armée à chaque sortie, The Killer se bat contre un étranger musclé. C’est plus qu’une différence dans les éléments de décor d’action. The Killer se concentre sur chaque détail du 9 à 5 de son personnage principal. Comment échappe-t-il aux caméras de sécurité d’Ace Hardware ? Il paie quelqu’un d’autre pour acheter ses outils. Comment se glisse-t-il dans un bâtiment sécurisé ? Attendez qu’ils commandent Postmates et franchissez la porte qui se ferme lentement. Il est dépassé de suggérer que l’on puisse apprendre à tuer à partir d’une œuvre de fiction. Ceci n’est pas un guide pratique. C’est une exploration d’un travail qui couvre tous les éléments de cette carrière. Toutes ses sombres réalités donnent au public une nouvelle perspective infiniment convaincante.

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The Killer n’est pas le meilleur film de David Fincher , mais il se sent à l’aise à côté de Zodiac et Seven. C’est une expérience intense, maussade et glaciale qui permet au réalisateur de peindre son processus avec une spécificité stupéfiante. Ceux qui sont moins intéressés par l’ambiance du poème symphonique pourraient être frustrés par le récit léger et la fin peu impressionnante. The Killer restera avec son public. C’est aussi sombre que sombrement hilarant. Enfilez un chapeau et des lunettes de soleil, glissez-vous dans la foule et vivez les aventures de l’assassin anonyme de Michael Fassbender. The Killer est maintenant disponible en streaming sur Netflix.

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